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Stabilité du taux de pauvreté monétaire en 2020 selon l’Insee

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[4 novembre 2021]

L’Insee vient de publier une estimation du taux de pauvreté monétaire relative pour 2020 : 14,6 % des personnes seraient en dessous du seuil de pauvreté officiel fixé à 60 % du niveau de vie médian de la population en France, un résultat stable par rapport à 2019. Il s’agit d’un résultat provisoire issu des méthodes de microsimulation. Cette possibilité d’estimation avancée de l’indicateur constitue un acquis important salué par le comité scientifique du CNLE, au même titre que l’accélération par la DREES (la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) de la publication des données permettant un suivi quantitatif des effets sociaux de la crise.

Les travaux du comité scientifique du CNLE avaient en partie anticipé cette stabilité. Les constats complémentaires issus du travail sur un panel anonymisé de clients de la Banque Postale tendent à montrer que les situations de pauvreté ce sont aggravées plus que la pauvreté ne se serait répandue. Ce constat corrobore les analyses qualitatives rassemblées dans le rapport La pauvreté démultipliée - Dimensions, processus et réponses (Printemps 2020-2021) du comité scientifique du CNLE remis au Premier ministre en mai 2021.

Comme l’indique le directeur général de l’Insee, dans le blog de l’institution, le champ des données sur lequel l’Insee estime la distribution des revenus n’est pas parfait (par exemple, n’y figurent pas les personnes résidant en institutions, une partie des revenus des étudiants ....), et la très grande pauvreté y est en partie invisibilisée.

Si la mesure des niveaux de vie en France est un repère indispensable et si son croisement avec la pauvreté en conditions de vie permet de cerner les contours de la grande pauvreté, on sait également que l’approche monétaire de la pauvreté, par le niveau de vie, ne tient pas compte des besoins des personnes et des dépenses qu’il faut consentir pour les satisfaire. Les personnes concernées par des difficultés sociales qui forment le 5e collège du CNLE le disent elles-mêmes : elles préfèrent de loin raisonner en « reste à vivre ». Aussi, le seul chiffre du taux de pauvreté monétaire ne suffit-il pas à rendre compte des situations de pauvreté et de précarité comme l’ont montré les travaux pionniers de l’Insee dès le milieu des années 1990. Constat d’ailleurs rappelé par le directeur général de l’Insee.

La publication du taux de pauvreté monétaire gagne ainsi a être inscrite dans le cadre plus large de différents travaux de la recherche. En particulier, ceux de l’Observatoire nationale de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes) sur les budgets de référence permettant d’atteindre une vie décente, c’est-à-dire permettant de faire face aux nécessités de la vie quotidienne et de participer pleinement à la vie sociale. Ou encore ceux qui s’intéressent à la pauvreté subjective et au sentiment de pauvreté qui éclairent la position sociale à travers l’inquiétude pour l’avenir.

Le non recoupement entre le taux de pauvreté monétaire, la privation matérielle et sociale et la pauvreté subjective signale bien l’existence de difficultés au-dessus du seuil officiel de pauvreté monétaire.

Consulter sur le site de l’Insee :